Un ami m'a envoyé ce lien, s'il vous plait, lisez-le, vous allez bien rire!!!
sinon je vous rembourse!
Olivier
Source http://www.lanutrition.fr/Septembre-2006-le-Dr-Jean-Marie-Bourre-a-1053-85.html
Le site du bon docteur http://www.bourre.fr/
Le mail du docteur pour le féliciter
--------> jmlbourre@netcourrier.com
Les livres du primé http://www.bourre.fr/livres.htm
Grand prix de la propagande septembre 2006 : le Dr Jean-Marie Bourre
En septembre 2006, le grand Prix de la Propagande de LaNutrition.fr est décerné au Dr Jean-Marie Bourre, ami des charcutiers, des éleveurs de poules, des meuniers et boulangers, des mareyeurs, des cultivateurs de pruneau et « découvreur » auto-proclamé des oméga-3. Et encore bravo !
Thierry SOUCCAR
Depuis qu'une bonne partie des journaux, radios et télévisions a déclaré le Dr Jean-Marie Bourre persona non grata, pour cause de dérapage incontrôlé et proximité gênante avec quelques gros intérêts de l’agro-business, l’occasion nous est rarement donnée de rigoler. Heureusement, il se trouve toujours un media pour lui donner la parole et nous offrir du même coup un grand moment de réjouissance. Il y a quelques années, c’est le Nouvel Observateur qui s’y était collé, ce qui avait permis
à Jean-Marie Bourre non seulement de s’en prendre aux végétariens sous le prétexte qu’Hitler ne mangeait pas de viande (sic), mais aussi de faire la promotion des aliments de ses sponsors, charcutiers notamment. Il ya deux ans, dans l'Express, i
l avait développé l'hypothèse décoiffante que l'homme devait la station debout (acquise il y a plusieurs millions d'années) aux laitages (apparus il y a moins de 10 000 ans). Avec lui, on ne s'ennuie jamais, et c'est pourquoi finalement nous l'aimons bien - ceci dit sans malice.
C’est donc avec enthousiasme que nous avons accueilli la parution du Monde 2 daté du 26 août. Heureusement peu au fait des choses de la nutrition, les journalistes de ce support ont offert à Jean-Marie Bourre un « grand entretien » de 9 pages. Disons-le tout net, nous n’avons pas été déçus : 9 pages de pur bonheur.
Le Monde 2 présente Jean-Marie Bourre comme « neurotoxicologue, membre de l’Académie de médecine, spécialiste de la chimie et de la nutrition du cerveau à l’Inserm, découvreur des fameux oméga-3. » C’est beaucoup, mais encore très incomplet. En effet, Jean-Marie Bourre, comme je l’ai écrit avec Isabelle Robard dans « Santé, Mensonges et Propagande » est surtout président du Centre d’information sur les charcuteries payé par les industriels de la saucisse, membre du Comité scientifique du pain créé par les producteurs de farine, président du Comité scientifique de l’huître, président du Comité scientifique du Comité national pour la promotion de l’œuf mis en place par les producteurs d’œufs. Il fait aussi la promotion du pruneau pour le compte de la Collective du pruneau d’Agen. Vous vendez des croquettes pour chat, du fromage râpé, de la soupe en sachet et vous n’avez pas encore de « comité scientifique » pour parler de vous dans les médias ? N’attendez plus : son président est tout trouvé ! Et quel président ! Ne ménageant ni son temps ni sa peine, infatigable dans la valorisation de la filière qui l’a nommé.
Dans Le Monde 2, Jean-Marie Bourre entonne un refrain connu : la population est à la merci d’une carence en fer. Pour éloigner cette terrible menace une solution : manger de la viande rouge au moins trois fois par semaine et surtout des… charcuteries. Et d’une pour le Centre d’information sur les charcuteries ! « On l'oublie trop souvent, ajoute le Dr Bourre, les coquillages présentent un bon taux de fer. » Et de deux pour le Comité de l'huître !
Heureusement, le journaliste du Monde 2 a le tact de ne pas faire remarquer au Dr Bourre que moins d'une femme sur cinq manque de fer entre 15 et 50 ans, que ni les hommes ni les femmes ménopausées n’ont besoin de fer, que donc l'écrasante majorité de la population n'a aucun problème de fer et qu’il y a au contraire en France plus de personnes à risque d'excès de fer que de déficit.
Timidement pourtant, le journaliste interpelle le Dr Bourre sur les graisses saturées et le cholestérol des charcuteries. Réponse : « Si aujourd'hui nous interdisions de manger des charcuteries à toute la population française, cela ne réduirait l'apparition de graisses saturées que de 6 à 8%.
Les charcuteries, cette formidable invention de notre cerveau, contribuent assez modestement à la formation du cholestérol. » Et de trois pour le Centre d’information sur les charcuteries !
Sur le terrain du cholestérol, le bon docteur est intarissable : « Aujourd'hui, dit-il l'oeuf est très mal vu, ce serait un poison (sic) accusé de donner du cholestérol, d'être dangereux pour le système cardiovasculaire. Manger des oeufs, une omelette aux cèpes, un oeuf à la coque par jour n'est pas s'empoisonner. » Et de quatre pour le Comité de la promotion de l’œuf !
Le Comité scientifique du pain n’est pas oublié : « Un petit déjeuner sans pain, sans sucre et c'est l'hypoglycémie, le fameux « coup de pompe » de 11 heures. Il faut consommer des sucres lents. En France, du pain à tous les repas, des céréales, du blé dur, des pâtes, du riz, du miel, des légumes secs, des pruneaux. » Et de cinq pour le pain, de six pour la collective du pruneau !
Et tant pis si la plupart des produits céréaliers ne sont pas des « sucres lents ».
Le reste de l’interview est à l’avenant avec un couplet formidable (et inédit !) sur les « méfaits » des protéines végétales :
« Consommer des protéines végétales c'est provoquer une forme d'autocannibalisme. Car le cerveau prend les protéines et les acides aux cellules musculaires du cœur. » Pas moins, et c'est un chercheur de l'Inserm qui le dit !
Au final,
Jean-Marie Bourre conseille de manger un œuf chaque jour, de la viande rouge trois fois par semaine, mais aussi toujours plus de charcuteries, qui sont « un aliment essentiel ». Un propos qui a dû aller droit au cœur des experts du Centre international de recherche sur le cancer de Lyon. Il y a quelques mois, ils ont publié leurs résultats issus de la grande Etude prospective européenne sur le cancer et la nutrition (EPIC), qui suit plus d'un demi million d'Européens dans 10 pays. Les voici : pour 100 g de viande en plus chaque jour, le risque de cancer de l'estomac distal est multiplié par 3,52 ; pour 100 g de viande rouge supplémentaire, ce risque est augmenté de 73%, et multiplié par 2,45 pour 100 g de charcuteries supplémentaires par jour. (1) Ce n'est pas tout.
Pour 100 g de viande rouge supplémentaire chaque jour, le risque de cancer colorectal est multiplié par 1,25, et par 1,55 pour 100 g de charcuteries en plus. Le cancer colorectal est en France le 2e cancer chez la femme et le 3e chez l'homme. avec plus de 4.000 nouveaux cas annuels. (2)
A la suite de ces résultats, l'Agence internationale conseille au contraire du Dr Bourre de réduire les quantités de viande rouge que nous consommons aujourd'hui, en respectant l'alternance des protéines : chaque semaine, une fois une viande rouge, une fois une viande blanche, deux fois de la volaille, deux fois du poisson, une fois un plat à base d'oeufs ou un plat végétarien.
Un message passé inaperçu dans l’opinion, il est vrai que les chercheurs de l’Agence internationale de recherche sur le cancer n’ont pas eu droit à un « grand entretien » de 9 pages dans Le Monde 2.
Mais le plus réjouissant est assurément en page 14 du Monde 2. Jean-Marie Bourre, que le journal présente comme le « découvreur des oméga-3 » et qui se présente lui-même plus modestement comme le découvreur « dans les années 1980 de l'effet des oméga-3 au niveau du cerveau » raconte sa « découverte » ainsi : « J'essayais de faire survivre des fragments de cerveau animal dans des tubes à essai. Ca ne marchait jamais, nulle part au monde d'ailleurs, jusqu'au jour où j'ai eu l'idée d'ajouter des oméga-3.»
Quelle intuition géniale ! Une idée tellement originale que dix ans plus tôt, le britannique Michael Crawford, directeur de l'Institut de chimie cérébrale et de nutrition à la London Metropolitan University et son collègue Andrew Sinclair avaient les premiers, définitivement établi que le cerveau a besoin d'acides gras à longues chaînes, dont les fameux oméga-3, pour se développer et fonctionner. (3) (4) Cette découverte avait à l’époque été rapportée dans Le Times de Londres, mais aussi dans Le Figaro et Le Monde. Bref ce n’est pas tout à fait celui qui dit qui y est.
Evidemment, on peut craindre qu’après cette nouvelle saillie dans Le Monde 2 les portes des rédactions se ferment définitivement au Dr Jean-Marie Bourre – et les occasions de rire disparaissent à jamais. Ce serait dommage. En décernant son très convoité Prix de la Propagande à Jean-Marie Bourre, LaNutrition.fr tient à marquer son désir de sauver le chercheur Bourre, de le préserver dans son habitat naturel, sa niche écologique : les colonnes des journaux. Tenez, il est le bienvenu sur ce site, quand il le voudra, pour y parler des saucisses, de la baguette, des œufs, des pruneaux, des huîtres, de Hitler, de l'invention des charcuteries par le cerveau, des protéines végétales qui rongent le coeur, des laitages d'il y a dix mille ans qui ont redressé Orrorin Tugenensis il y a six millions d'années ou de sa désormais mémorable découverte des oméga-3. Et même de nutrition. Chiche !