Le tourisme en Antarctique est en plein essor avec l'arrivée de paquebots transportant des centaines de passagers au milieu des icebergs, non sans quelques risques pour la pureté des lieux.
Pendant l'été austral, de novembre à mars, une cinquantaine de navires de toutes tailles partent du port d'Ushuaia, dans l'extrême-sud argentin, à destination du continent blanc, où quelque 29.000 personnes sont attendues en 2006-2007. Il y a dix ans, ils étaient cinq fois moins nombreux, selon les statistiques de l'Association internationale des voyagistes en Antarctique (IAATO).
Surtout, la taille des ces bateaux a considérablement augmenté.
Les navires de plus de 200 passagers, à l'instar du Regal Princess qui peut en transporter 1.600, sont de plus en plus nombreux à affronter les eaux agitées du canal de Drake, séparant la péninsule antarctique de la ville la plus australe du monde. Ce n'est d'ailleurs pas toujours de tout repos, comme en témoignent Matthias Leyer et Alexandra Lanj, qui ont découvert l'Antarctique au début du mois. "Si on avait été prévenus des conditions exécrables de la traversée, on n'aurait peut-être pas embarqué", a raconté à l'AFP, Matthias, 30 ans. Ces deux jeunes allemands ne regrettent pourtant pas leur voyage. "C'est une autre planète et les impressions sont très difficiles à restituer, mais le silence, la lumière, les couleurs bleues des icebergs sont des choses qu'on n'oublie pas", explique de son côté Alexandra.
La taille de ces bateaux peut néanmoins être aussi un handicap pour évoluer dans des eaux aux dangers encore mal répertoriés. Le paquebot norvégien Nordkaap a ainsi heurté un rocher dans la baie de l'Ile Deception il y a quelques semaines, déversant au passage plusieurs centaines de litres de gasoil. Denise Landau, directrice de l'IAATO, minimise cet accident: "une fortune de mer" comme il en arrive parfois. L'IAATO a d'ailleurs édicté des règles très strictes pour préserver l'environnement de ce continent très protégé en vertu d'un traité international, a-t-elle souligné devant l'AFP.
Chaque navire ne peut par exemple débarquer plus de 100 passagers d'un seul coup au même endroit et un calendrier est établi chaque saison pour éviter que trop de bateaux ne se retrouvent dans les mêmes baies. L'IAATO évoque régulièrement la possibilité de limiter la taille des bateaux mais aucune décision en ce sens n'a encore été prise.
L'Antarctique devient aussi une destination à la mode où même la jet set internationale commence à se montrer. Le milliardaire américain Paul Allen, co-fondateur de Microsoft, a ancré son yacht de luxe, l'Octopus, au début du mois à Ushuaïa avant de gagner les eaux antarctiques.
Pour certains, c'est un rêve d'enfance, à l'image de Chris Shipp, dentiste à Southampton dans le sud de l'Angleterre. Sa femme Shirlianne est moins enthousiaste, d'autant que le couple a tout de même payé 8.000 euros pour embarquer une dizaine de jours. L'Antarctique n'est pas à la portée de tous, mais les prix baissent à la faveur notamment d'une augmentation de l'offre. Certains voyagistes font aussi des offres de dernière minute qui divisent quasiment le prix par deux. Cette "promotion" a ainsi permis à Matthias et Alexandra de s'offrir le voyage, tout comme à un groupe d'une trentaine de Chinois, venus "tester" le marché.
Il semble que ces derniers ne soient pas encore tout à fait prêts, selon Matthias et Alexandra. La nourriture n'était pas à leur goût et ils ont surtout trompé leur ennui en prenant des photos sans vraiment "sentir" le lieu, ont raconté ces deux jeunes allemands.
L'augmentation du nombre de touristes dans ce continent jusqu'alors totalement préservé lui fait perdre de sa magie, mais c'est sans doute une "évolution commerciale inéluctable", regrette un Français préférant l'anonymat, qui emmène depuis près de 20 ans des touristes en Antarctique à bord de son voilier.
source : www.orange.fr