En 1494, Christophe Colomb découvre la Jamaïque, couverte d’immenses forêts et dépourvues de prédateurs : ni carnassiers, ni oiseaux de proies.
En 1520, les Espagnols y importent la canne à sucre après avoir défriché la forêt et importé des esclaves noirs. Bénéficiant du trafic maritime intense qui en découle, 3 espèces de rats envahissent l’île et pullulent au point de devenir un vrai fléau. Ils mettent les plantations à sac.
On cherche alors des alliés pour combattre les rats. Le serpent jaune de la Jamaïque mange les rats, mais il est timide et n’ose pas s’aventurer dans les plantations. Aussi, on introduit inconsidérément une fourmi cubaine qui est censée dévorer les jeunes rats au nid. Bien entendu, les fourmis ne tardent pas à proliférer sur toute l’île alors que les rats continuent à prospérer.
On introduit alors successivement le furet (qui se fait éradiquer par le serpent jaune local), puis un crapaud d’Amérique latine réputé amateur de jeunes rats.
En 1870, le bilan est là : les rats se portent à merveille en Jamaïque, où ils commettent les pires méfaits aux côtés du crapaud (qui a proliféré puisqu’il est venimeux et n’a pas de prédateurs), du serpent jaune et de la fourmi de Cuba.
En 1872, nouvelle offensive de la part des humains : on lâche quelques couples de mangoustes de Calcutta (ça ressemble un peu à un furet). Les rats sont enfin décimés en masse ! Certaines espèces de rats envahisseurs disparaissent... mais les rats noirs se réfugient dans les arbres où ils juchent leurs nids... et se remettent à pulluler. Les couples de mangoustes prolifèrent et sont les ancêtres des milliers de mangouste existant dans toutes les Antilles. La mangouste s’attaque à l’intégralité des petits animaux de l’île, conduit au bord de l’extinction plus de 6 espèces rares typiques de la Jamaïque, et raye définitivement de la carte plus d’espèces animales dans les Antilles que tout ce qui a disparu dans les deux continents américains. On est obligé de placer chiots, chatons, poussins ou canetons dans des cages surélevées pour les soustraire à l’appétit féroce des mangoustes.
En 1890, on met la tête des mangoustes à prix... On vient de s’apercevoir qu’elles véhiculent la rage...
Moralité : Quand on se mêle, sans bases scientifiques, de faire joujou avec la lutte biologique, faut pas s’étonner si ça vous revient en pleine figure.
source :citations.lapins.org