Revue Sciences Humaines : article "meurtre alimentaire" et antispécisme
Dans la revue Sciences Humaines de août 2006 pages p66-67, il y la critique
(signée Nicolas Journet) des 3 livres sur les animaux, dont "L'éloquence des
bêtes - quand l'homme parle des animaux" de Sergio Dalla Bernardina
(professeur d'ethnologie à l'université de Brest où il dirige le séminaire
permanent d'anthropologie de la nature, "Ordre naturel et bricolages
humains").
Extrait de l'article :
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Reste le meurtre des bêtes qui, malgré son caractère routinier, n'a cessé de
hanter l'arrière-plan de la morale humaine. De nos jours, deux figures en
portent le poids : le chasseur, qui tue les bêtes sauvages, et le boucher,
qui massacre à tour de bras les animaux à viande. Curieusement, c'est encore
le chasseur qui est le plus souvent attaqué : malgré la relative modestie de
ses prélèvements, ce qu'on lui reproche (et peut-être lui envie), c'est le
plaisir qu'il prend à tuer de jolies bêtes. Chez le chasseur, jouissance et
cruauté cohabitent, de même que chez l'amateur de corrida, sans pour autant
se déchaîner (il y a des règles). Mais tout le paradoxe tient au fait que le
pourfendeur urbain de la chasse est aussi un grand amateur de documentaires
animaliers, où l'on voit le léopard saigner la gazelle dans sa course ou
l'ours étriper la chèvre. Le cinéphile antichasse jouit donc par procuration
: il pratique le meurtre par animal interposé. Accéder à ces expériences
interdites au civilisé exige un filtre, et l'animal -excusé par sa condition
de dominé- en est un.
Dans la recherche de nouveaux espaces de compassion (et de dénonciation du
mal commis par l'homme), l'animal occupe une place de choix,
particulièrement investie par le mouvement antispéciste. Les antispécistes,
on le sait, professent l'abandon de toute discrimination entre espèces :
l'abattage est un « meutre alimentaire », l'expérimentation animale un
crime, et l'élevage de masse une torture. « Les antispécistes, écrit S.
Dalla Bernardina, sont des gaffeurs : ils proclament tout haut ce que
l'humanité sait depuis toujours, mais préfère passer sous silence,
c'est-à-dire que les animaux sont des personnes. »
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A noter qu'en page 25 de la même revue un article d'une demi-page titré "Un
carnivore parfois compatissant" (qui au passage utilise aussi le terme
"antispéciste") qui fait la critique de l'intervention de G. Cazes-Valette :
"Les Français sont contre la viande ... tout contre" qu'on peut lire sur :
http://www.lemangeur-ocha.com/fileadmin/images/dossiers/Cazes_VAlette_r_sum__colloque_ocha.pdf
Antoine