Les Echos : "D'où l'idée de fiscaliser la consommation de
viande"
La frisonne a de quoi frissonner23/08/07
Appliquer à la lettre le principe du « pollueur payeur », a priori, personne
n'est contre. Que les industriels paient des taxes pour leurs déchets, les
fumeurs pour leurs cigarettes et les automobilistes pour leur essence, pas
grand-chose à redire sinon du côté des lobbyistes purs et durs. Mais de là à vouloir taxer la frisonne... Et pourtant si.
Après avoir servi de vaches à lait pendant des siècles, les bovins n'ont
plus la cote. Ils sont désormais considérés comme une menace pour le
développement durable. Ils doivent donc payer. Au même titre que les
moutons, les cochons ou les volailles. C'est du moins la conviction de
Martijn Blom et Maatje Sevenster, deux consultants en environnement
néerlandais du cabinet CE Deft, qui viennent de livrer leur implacable
conclusion au quotidien néerlandais « De Volkskrant ».
A la manière du rossignol d'Alphonse Allais, qui « gueulait toute la nuit »,
les vaches nous « brouteraient » l'atmosphère. A elle seule, la filière de
l'élevage serait responsable de 18 % des émissions de gaz à effet de serre,
soit plus que ceux produits par la circulation et les transports, selon les
chiffres des consultants.
D'où l'idée de fiscaliser la consommation de viande. « Les coûts liés aux
problèmes d'environnement des sociétés occidentales pourraient être réglés
en instaurant des accises sur ces produits », écrivent les deux experts dans
le « Volkskrant ». Avec une TVA à 19 %, la consommation chuterait de quelque
9 %, ont-ils calculé. L'évolution permettrait de réduire de 1,1 mégatonne
les émissions de gaz à effet de serre.
L'ampleur du chiffre est à la mesure des maux commis par les éleveurs de la
Terre entière. La production de viande contribue aux pénuries d'eau sur la
planète. L'élevage participe à la pollution des sols, accentue leur érosion
et la désertification. Se pratiquant sur de grandes étendues, cette activité
humaine est aussi un facteur de perte de la biodiversité... A moins de
considérer de manière détendue l'apparition des nouveaux virus et microbes
qu'elle engendre, comme la maladie de la vache folle.
Cholestérol, maladies cardio-vasculaires, la viande ne coûte pas seulement
cher en termes d'environnement, elle est aussi un facteur d'augmentation des
coûts des soins de santé, estiment par ailleurs ces spécialistes. La
conclusion coule de source : au nom du développement durable, les étalages
et gondoles de viande et de charcuterie des supermarchés auraient tout
intérêt à se remplir des produits de substitution protéinés. Leur production
émet en effet moins de CO2 et nécessite moins d'espace.
DIDIER BURG (À AMSTERDAM)
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